Étudiant dans une Ecole d’Art et ayant orienté mon sujet d’étude sur la Domination, j’ai cherché sur Internet une professionnelle du domaine qui puisse m’en dire un peu plus sur ce sujet.

étude domination

A mon sens, il existe une relation entre les rapports de force entre les individus dans les rapports sociaux, amicaux, professionnels et intimes, et le domaine de la Domination.

Sauf que dans la vraie vie, et contrairement à la Domination, ces rapports de force ne sont pas un jeu consenti entre plusieurs individus.
Voilà une différence fondamentale, qui nécessite de bien différencier le jeu et les abus de pouvoirs que nous pouvons rencontrer au quotidien.

La pratique de l’art contemporain nécessite une initiation avant de pouvoir réellement « dialoguer » avec une peinture, une sculpture et de la même manière que la domination nécessite de comprendre les enjeux, avant de la pratiquer.
Chacun est artiste de sa vie, la Domination n’échappe pas à cette règle, au même titre que l’art est censé nous ouvrir de nouvelles portes, la Domination peut nous ouvrir de nouveaux horizons.

« Vendredi 19 avril, 10 heures du matin, bonjour Maitresse Clarisse,

1. L’activité que vous pratiquez, est ce un passe temps ou une profession ?

Bonjour et bienvenue chez moi.
Je pratique de façon professionnelle en sélectionnant les personnes que je reçois en séance via un questionnaire qui reprend l’ensemble de mes pratiques.

2. Avez-vous un profil de type de personnes qui viennent vous voir ?

Je dirais qu’il y a plusieurs profils parmi lesquels, on trouve des personnes qui sont « dominants » dans leur vie privée et/ou professionnelle, qui endossent au quotidien un certain nombre de responsabilités. Ceux là ont besoin de s’abandonner au bon vouloir d’une Maîtresse, de ne plus penser, en tout cas ne plus avoir à décider.
D’autre sont plus curieux de connaître les sensations d’une séance de domination. Ils veulent tester leurs propres limites. En fait, je reçois autant de novices que de personnes plus expérimentées.

3. Comment avez vous été amenée à pratiquer cette activité ? Est ce qu’un matin vous vous êtes réveillée en vous disant je veux faire ça ou est ce un parcours de vie qui vous a amené dans cette voie ?

Je pense qu’être dominatrice n’est pas quelque chose qui s’apprend. Selon moi, on naît dominatrice, on ne le devient pas, c’est un penchant que l’on peut choisir ou non d’exploiter avec le temps… Pour ma part, j’ai toujours aimé diriger et commander, même lorsque j’étais enfant puis adolescente. Dans mes jeux, je tenais en général le rôle de la « commandante » ou de la « directrice ». Certains l’acceptaient et se soumettaient volontiers. Chacun y trouvant une forme de satisfaction. Dans ma vie adulte, j’ai toujours voulu maintenir un ascendant, un contrôle sur mes partenaires.

4. Avec l’image de la femme objet véhiculée par les magazines de mode, par la publicité, et dans les inégalités salariales, votre pratique est elle un moyen d’inverser, de renverser ce rapport, jusqu’à arriver à l’image de l’homme objet ?

Oui, il y un peu de cela. La domination avec une Maîtresse renverse en quelque sorte les schémas de notre modèle social. L’homme qui me rend visite pour une séance accepte implicitement d’endosser un rôle « d’obéissance » ou en tous cas de « non supériorité ». Mais quand je conduis une séance, je n’ai pas le sentiment qu’il y ait de relation hiérarchique… Juste un jeu entre adultes consentants et dans des limites fixées au préalable. Il faut toujours garder en tête que la domination est une activité cérébrale !

5. Quels sont les types d’accessoires que vous utilisez, et comment les choisissez vous ? De plus, avez-vous des scénarios types ?

Je possède un certain nombre d’accessoires adaptés aux pratiques que je propose. Je les choisis en fonction de leur matière (cuir, métal), de leur qualité, de leur facilité d’utilisation et d’entretien (nettoyage et asepsie).
Le questionnaire de réservation que je propose comprend une demande de scénario afin de permettre à chacun d’y exprimer ses désirs, ses phantasmes…. Mais cela n’est pas obligatoire et beaucoup m’en laissent l’initiative. Dans ce cas et avec l’aide de mon expérience, je fais appel à mon imagination et à mon intuition et je construis dans mon esprit un scénario susceptible de « coller » avec les pratiques choisies.

6. Pouvez définir votre domaine qu’est la domination, le BDSM et expliquer comment vous le vivez, quelle est votre perception ?
Pouvez-vous faire un inventaire des différentes pratiques que cela englobe ?

Le BDSM signifie bondage et discipline, sadisme et masochisme.
Je considère le BDSM comme un partage de pouvoir, une activité dans laquelle le dominé me confie le contrôle des ses sensations et émotions. Il accepte le temps d’une séance d’abandonner temporairement toute responsabilité. Dans cette parenthèse, il efface ses repères, il perçoit l’existence d’une autre façon.
La pratique du BDSM me permet de donner libre cours à mon inventivité. Le SM et la domination sont des activités empathiques dans lesquelles le/la soumis(e) et la dominatrice évoluent dans un état de confiance réciproque pour trouver le chemin de leur propre réalisation.
C’est pour cela qu’il est fondamental que la séance se déroule toujours dans le cadre des limites discutées au préalable.
Les pratiques sont nombreuses en domination…..celles que je propose sont exposées sous forme de liste dans ma page « Pratiques » de mon site. Par exemple, le bondage (attacher avec des cordes), la fessée, la bougie, les pinces à tétons ou à testicules etc….

Toutes les dominatrices ont leurs propres limites. Pour ma part, je ne pratique ni la scatologie, ni les aiguilles, ni les lavements, ni l’asphyxie.

7. De mon point de vue, il existe des rapports de force, horizontaux et verticaux, dans n’importe quel type de relation, qu’elle soit sociale, personnelle ou professionnelle, pensez vous pertinent l’utilisation des codes du SM pour illustrer ces symétries, asymétries et dissymétries de pouvoir ? Notamment dans les relations entre un supérieur hiérarchique et son subalterne.

Il est évident que les relations humaines (au même titre que les relations des animaux dans la nature) sont basées sur des rapports de force. La société nous hiérarchise et nous classifie en fonction de notre sexe, de notre statut social, de notre rang familial, de notre position professionnelle etc.… Mais comme je l’ai dis avant, la domination efface ces différences et permet des relations plus saines car exemptes de faux semblants. Les rôles sont clairement définis et acceptés, ce qui exclu à priori tous les travers négatifs des relations sociales : frustration, hypocrisie, trahison, mensonge, agressivité. C’est pour cela que je considère que savoir dominer ou savoir se soumettre est un art.

8. J’ai lu sur votre site que vous n’avez pas de rapport sexuel avec vos soumis, et que vous ne pratiquez pas nue, pour quelles raisons ?

Je fais partie de ces dominatrices qui considèrent que les relations sexuelles pendant une séance sont totalement exclues. Je laisse cette fonction aux escortes qui proposent parfois une relation sexuelle et de la domination. De toute façon, je pense que la relation sexuelle en domination n’est pas compatible avec la Vénération de la Maîtresse.

9. Il existe une certaine esthétique SM basée sur l’emploi de tenues en latex ou qui serrent au corps. Dans le cadre de mes études, je travaille avec des uniformes militaires, et je confectionne des imitations cheap d’accessoires SM à base de matériaux pauvres, matériaux de chantier ou de récupération. Trouvez-vous pertinent l’emploi d’uniformes militaires dans le domaine du SM ?

Le domaine du SM permet à peu près toutes les tenues, au gré de son imagination (policier, infirmière, maîtresse d’école…) Je ne vois pas pourquoi la tenue militaire ne pourrait pas en faire partie.

10. Et ma dernière question portera sur vos pratiques à vous, étant que dominatrice professionnelle, pouvez me dire jusqu’où vous êtes prête à aller dans la domination ? Quelles sont vos propres limites ? Et pourquoi ne pratiquez vous pas sur les personnes de moins de 35 ans ?

J’ai déjà répondu à cette question. Comme je l’ai déjà expliqué, chaque dominatrice a ses propres limites.

Je refuse de recevoir des soumis de moins de 35 ans car je considère que les jeunes hommes ne sont pas assez matures et risquent donc de ne pas être à l’aise durant la séance. Je parle en connaissance de cause. Dans tous les cas, je tiens à souligner que je reste toujours Maîtresse du choix de mes soumis !

Merci Maîtresse Clarisse pour ces réponses, espérons que les choses bougent et que l’égalité hommes-femmes évolue toujours dans le bon sens, et que cet horizon vertical entre homme et femme se résorbe, et cet horizon vertical devienne de plus en plus « horizontal. »