Au sens large, si on doit définir ce qu’est la féminisation, il faut d’abord regarder notre grammaire française pour constater que  le masculin l’emporte sur le féminin, du moins, quand il s’agit d’accorder les mots au pluriel, comme on l’a tous appris à l’école. Ces règles font partie de notre éducation et ne choquent personne.

De façon générale, notre société, même si elle a évolué ces dernières décennies dans le sens de l’émancipation des femmes, a longtemps favorisé le masculin et la place de l’homme au détriment du féminin. Au cours des années 50 à 80, les images véhiculées par les médias et la publicité (et soutenues par la religion) glorifiaient le rôle tenu par l’homme dans la société et au sein du foyer. Les femmes étaient souvent reléguées au rang de « bonnes cuisinières et ménagères », garantes de l’éducation des enfants et du plaisir de leur époux.

Je suis récemment tombée sur un « manuel scolaire catholique d’économie domestique pour les femmes » publié en 1960. Assez croustillant, ce recueil résume les obligations morales de la jeune femme du foyer qui doit à tout moment se monter gaie et avenante envers son époux car « sa dure journée a besoin d’être égayée et c’est un de vos devoirs de faire en sorte qu’elle le soit »…. Ou encore « Souvenez vous que ses sujets de conversation sont plus importants que les vôtres, alors écoutez le ».

Au niveau symbolique et même si les choses ont évolué, il est assez évident que le pouvoir est, dans notre monde, du côté de la masculinité. On peut ajouter que la force et la puissance le sont aussi.

LE MONDE DES MEDIAS OU LA BEAUTE AMBIGUE

Depuis quelques années, on assiste dans le domaine de la publicité et de la mode à une « androgénisation » des modèles masculins. Sur les podiums des défilés des couturiers, les normes de l’esthétique physique des corps masculin présentent des mannequins glabres d’une beauté immature languissante… presque féminine. On se rapproche des canons de la beauté de la Grèce ancienne. Les magazines font même la part belle aux tops transgenres, proches d’un « hermaphrodisme » vanté par les médias.

DANS LE DOMAINE DU BDSM

pratique féminisation bdsm

Dans le domaine du BDSM, cette tendance tend à s’inverser pour le plus grand plaisir de la Maîtresse et de son soumis qui se laisse aller à une féminisation. On peut y voir une sorte de « revanche » de la femme sur l’homme, une inversion volontaire des rôles et des genres ?

La femellisation ou féminisation est dans le domaine BDSM, un jeu consistant à transformer (avec ou sans son consentement), son ou sa partenaire en femelle soumise. En général, la transformation physique s’effectue à l’aide de maquillage, d’épilation, de perruques, de diverses prothèses, d’accessoires, de lingeries et de costumes et vêtements très sexy.

On peut aussi utiliser par exemple une tenue de soubrette, de secrétaire, de lycéenne, et un collier de chienne verni, en cuir ou en métal. Le ou la partenaire se voit « contraint » (de façon simulée) de céder à des pratiques d’ordre domestique ou sexuel considérées comme avilissantes : restriction de langage, vaisselle, ménage, lessive à la main, repassage, cirage de chaussures, service à/sous la table, masturbation,  sodomie passive, bondage et fessées reçues, et autres humiliations en privé ou en public.

La féminisation est souvent assimilée à une forme de masochisme, une transformation où le plaisir est à la fois psychologique et physique. Le soumis féminisé est à la recherche du sentiment de honte par l’humiliation vestimentaire parfois agrémentée d’insultes, de la métamorphose temporaire de son identité sexuelle. Il veut se prouver qu’il peut assumer la part cachée de sa féminité (ou de sa bisexualité), celle que la société lui refuse et lui renie.

Maîtresse Clarisse témoigne 

« Au cours de mes séances, je suis souvent amenée à féminiser un soumis. Sachant que je ne fournis pas les tenues mais seulement le maquillage et les perruques, le soumis est invité à venir avec ses vêtements. Il emmène en général une panoplie de tenues diverses afin de pouvoir en changer au cours de la séance. J’aime lui donner l’ordre de revêtir une tenue de mon choix pour commencer la séance. J’apprécie tout particulièrement l’emploi de prothèses mammaires qui, avec un bon soutien gorge donnent l’illusion d’une poitrine opulente et de belles rondeurs féminines. »

« J’exige que les chaussures comportent de hauts talons afin de rendre la marche plus compliquée et je fais marcher mon soumis féminisé en balançant ses fesses da façon exagérée afin qu’il se sente totalement femme. Je le mets face à un grand miroir et l’oblige à adopter une posture féminine, à prendre des poses lascives, sensuelles, presque grotesques et à s’observer. Commence alors un jeu de rôles avec un scénario déjà prévu ou inventé selon mon humeur du moment ».

« Bien entendu le choix des perruques reste également à ma discrétion. Un bon maquillage : vernis sur les ongles, mascara pour rallonger les cils, blush pour donner bonne mine, rouge à lèvres… Pour parachever le tout, un bondage du sexe, attribut devenu inutile est parfois pratiqué. »

En l’absence de bondage, le port d’une cage de chasteté est également envisageable. Cette forme « d’émasculation » s’accompagne en général de punitions diverses : fessée à la main, à la cravache ou au martinet, immobilisation forcée, privation sensorielle (bandeau, cagoule), supplice de la roue, griffures, cire de bougie chaude, électrostimulation etc… 

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