Le texte original suivant provient d’un « devoir » avec sujet imposé donné il y a quelques années à l’un de mes soumis.

Pourquoi et comment vénérer sa maîtresse ?

Le passage du pourquoi au comment ne peut s’expliquer et se comprendre que par un redoutable cheminement qui n’est pas un long fleuve tranquille ; il s’inscrit dans un contexte général de relation dominant –dominé, qui présente 4 possibilités suivant la nature du sexe des partenaires en présence, homme ou femme. En excluant pour simplifier les sexes intermédiaires.

Nous nous attacherons ici plus particulièrement à examiner la domination femme – homme, comme le suggère le sujet.

1) Découverte de ses tendances et notion de punition

Il n’est pas très naturel de souhaiter être dominé par une autre personne, maître ou maîtresse. Une personne épanouie et responsable désire évidemment être autonome, reconnue et importante vis-à-vis d’elle-même et des autres.

Les causes de cette tendance sont évidemment complexes et plurielles.

Elle s’explique probablement surtout par une mauvaise image de soi, conséquences d’un constat de médiocrité attesté par des remarques désobligeantes perçues comme des humiliations. Ceci n’est finalement pas si étonnant : dans l’existence on est souvent confronté à un rapport de force, entre soi même et la société, la hiérarchie, les collègues, aussi bien dans le domaine du travail, des loisirs ou dans son couple. La répétition d’incidents de ce type exacerbe cette sensation comme une caisse de résonance.

La personne qui se croit, ou qui se sent dominée physiquement, intellectuellement et qui s’en trouve rabaissée va avoir tendance à souhaiter plus de domination pour être confortée dans ce sentiment d’infériorité, et finir par admettre qu’elle mérite une punition.

2) Découverte d’un monde trouble

Dès lors, la personne pour mieux comprendre sa complexité va explorer ce monde trouble et chercher des descriptions de situations analogues à son ressenti.

Depuis toujours la littérature a raconté des situations licencieuses et perverses de toutes natures, les BD érotiques sont plus explicites avec des dessins souvent crus et excitants qui s’évadent de la réalité, les vidéos X sont largement visibles sur le NET et facilement accessibles. On accède en même temps au catalogue des perversions y compris celles que l’on n’aurait jamais imaginées, avec étonnement, horreur, répugnance ou délectation, en se retrouvant dans un univers ayant une autre normalité.

On voit des êtres, consentants ou non, fouettés, exhibés, violés, s’offrir ou être obligés de le faire dans des scénarios simplistes ou tortueux dans lesquels le spectateur aimerait s’insérer et participer, oubliant que ce sont des fictions. Ces scènes déclenchent des émotions troubles ou malsaines avec des sensations sexuelles plus ou moins violentes. On peut ainsi s’imaginer aisément à la place de l’un ou l’autre des protagonistes, homme ou femme, selon un principe de réversibilité, ressentir des sensations intenses, les amplifier par des gestes onanistes et accéder à la jouissance.

Il est possible de sélectionner les scenarios qui s’avèrent les plus excitants, en inventer d’autres et les faire fonctionner en boucle.

On découvre en même temps le SM, qui est une complémentarité entre une personne qui aime souffrir et une autre qui aime faire souffrir, l’un et l’autre éprouvant une jouissance. Le véritable SM est peut être cérébral à la base, mais il y a besoin d’un support matériel et de pratiques dont la nature est liée à la personnalité et que la psychanalyse peut, éventuellement, comprendre à défaut d’expliquer.

3) Besoin d’une maîtresse pour matérialiser cette sensation de médiocrité

L’homme, une fois qu’il a admis et intégré tous ces processus, souhaite passer de l’imaginaire confus au réel. Il a besoin d’une maîtresse bien réelle qui saura l’asservir de la manière dont il souhaite et dont il sera le jouet consentant. Il est logique pour un homme d’avoir envie d’être dominé par une femme théoriquement douce et fragile que l’on imagine traditionnellement soumise à l’homme, pour se prouver qu’il est vraiment très bas dans la hiérarchie des valeurs.

Peut être, en plus de l’expiation de sa médiocrité, cherche t -il aussi à se rapprocher de sa maîtresse par ce biais… afin d’accéder à une proximité physique ou intime à travers son humiliation ou sa souffrance et à dépasser sa conditions de soumis.

Cependant, comme dans cette relation, les contacts sexuels ou intimes sont strictement proscrits, il y a donc, dès le départ une connotation de frustration, car objectivement il suffirait d’aller « consulter » une personne dont la fonction sociale est d’être compréhensive pour arriver à un véritable contact intime.

4) Passage au réel : comment trouver SA maîtresse ?

Ce passage peut se faire très tôt si la tendance est forte, affirmée et l’obsession tenace, car on finit toujours par trouver ce que l’on souhaite, plus ou moins rapidement, par recherche délibérée ou par hasard… ou jamais s’il y a trop d’inhibition, de peur du réel ou de la déception du réel.

Pour les esprits compliqués, c’est forcément compliqué.

On peut chercher et se contenter d’une maîtresse médiocre, et trouver dans la domination par une personne médiocre une jouissance supplémentaire dans cet avilissement.

Ou rechercher une domination par une femme ayant une particularité physique spécifique : une taille petite ou grande, des seins plus ou moins volumineux, une voix sèche et autoritaire ou au contraire douce incisive et cinglante par les paroles proférées. Chacun trouve sans doute sa vérité puisqu’il existe des dominatrices de tous types et de tous physiques. C’est donc paradoxalement le dominé qui choisit initialement sa dominatrice, en fonction des critères qui lui sont propres, pour de bonnes ou de mauvaises raisons….Le hasard joue bien entendu son rôle de facilitateur.

5) Pourquoi vénérer sa maîtresse ?

La maîtresse objet de vénération ? C’est un postulat et comme tel, il ne démontre pas et s’explique encore moins. Il est vérifié par ses conséquences.

Le soumis vénère sa maîtresse d’abord parce qu’il a totalement confiance en elle. Il sait qu’il va se présenter devant elle, s’abandonner à elle, subir ses caprices, qu’elle sera le seul témoin de son humiliation et de ses turpitudes, et qu’elle ne le jugera pas.

Il sait qu’elle fera de son mieux pour lui apporter ce qu’il souhaite confusément sans trop le savoir, le formulé et le non formulé, qu’elle saura le comprendre, le tester, doser subtilement sa domination et lui imposer des situations qui le feront vibrer.

Il lui est reconnaissant de prendre du temps pour lui, de bien vouloir s’impliquer dans son jeu puéril, lui qui se trouve tellement insignifiant. Elle est donc un objet particulièrement précieux et unique.

La maîtresse est la matérialisation et l’aboutissement d’un cheminement intérieur et une pièce du puzzle du processus de connaissance de soi et de la recherche de ses propres limites. Elle remplace ses fantasmes mais elle est bien réelle et il peut l’entendre marcher, respirer, réagir. Il connait et il souhaite le contact de sa peau et de ses mains.

Elle peut l’insulter, le frapper, être injuste, il subira cela avec délectation, mais elle peut aussi bien l’encourager et laisser tomber des petites marques de satisfaction.

Elle est hautaine, proche et lointaine, elle est son symétrique inaccessible derrière un miroir, qu’il aimerait traverser.

6) Comment vénérer sa maîtresse ?

Le soumis vénère sa maîtresse en pensant souvent à elle, en s’imaginant entre ses mains, regrettant d’être loin d’elle. Quand il a la possibilité de la voir, il la vénère comme il le peut, c’est-à-dire comme on l’y autorise, puisque c’est la maîtresse qui mène le jeu, choisit l’ordonnancement des tourments infligés au dominé, dans les limites fixées.

Le soumis vénère sa maîtresse en acceptant de subir des pratiques pour la satisfaction de cette dernière plus que pour la sienne propre.

Il se doit donc d’afficher respect, humilité, obéissance et servilité. Il est passif par définition, mais il se doit de faire de son mieux pour contenter sa maîtresse, la lécher si elle le demande, et exécuter les gestes qu’elle souhaite.

Bien entendu, il peut chercher à se valoriser auprès de la maîtresse pour l’intriguer, retenir son attention et lui montrer qu’il est digne de la servir. Il peut aussi désobéir un peu, pour distraire la maîtresse en sollicitant une punition appropriée.

Cette relation est elle un simple jeu de rôle, un besoin profond, une illusion, une réalité, une illusion de la réalité, une expérience, une exploration expérimentale de soi ???….. Sans doute un mélange de tout cela car rien n’est anodin et il n’y a pas de vrai hasard.

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