En tant que journaliste, je m’intéresse au phénomène du BDSM qui tend à s’étendre en Europe.

Si cette pratique est largement répandue notamment en Angleterre et en Allemagne, elle reste moins présente en France (sauf à Paris où l’on peut trouver des donjons très bien équipés).

J’ai eu l’occasion de rencontrer Maîtresse Clarisse dans Un salon Parisien… Elle a accepté de me recevoir et de répondre à quelques questions.

Le Journaliste :

– Bonjour Clarisse, je suis assez curieux de connaître mieux cet engouement pour le BDSM.. Pouvez-vous me préciser comment vous est venue l’idée ou l’envie de devenir une dominatrice ?

Maîtresse Clarisse :

– Je pense qu’être dominatrice n’est pas quelque chose qui s’apprend. Selon moi, on naît dominatrice, on ne le devient pas, c’est un penchant que l’on peut choisir ou non d’exploiter avec le temps… Pour ma part, j’ai toujours aimé diriger et commander, même lorsque j’étais enfant puis adolescente. Dans mes jeux, je tenais en général le rôle de la « commandante » ou de la « directrice ». Certains l’acceptaient et se soumettaient volontiers. Chacun y trouvant une forme de satisfaction. Dans ma vie adulte, j’ai toujours voulu maintenir un ascendant, un contrôle sur mes partenaires.

Le Journaliste :

– C’est donc en suivant votre « vocation » que vous avez décidé de pratiquer la domination à titre professionnel ?

Maîtresse Clarisse :

– Oui, en quelque sorte. La pratique de la domination et du BDSM est souvent observée du point de vue des « soumis » Cependant il faut toujours garder à l’esprit que la dominatrice aime ce qu’elle fait (sauf si elle pratique sans conviction et pour des raisons uniquement financières), et trouve son plaisir dans diverses formes de pouvoir, à la fois physique et cérébral.

Ma conception de la domination, telle que je l’explique dans mon site, est basée sur un échange. La personne qui vient me rencontrer pour une séance est parfaitement consciente et consentante (je ne tolère aucune utilisation de drogues ou substances durant mes séances à cause de leur dangerosité sur la perception et la modification des sens). Et de mon côté, je m’attache (au sens figuré) pendant la séance à offrir au soumis ce qu’il est venu chercher. Dans la limite de ce qui a été convenu en amont.

Le Journaliste :

– Que voulez vous dire ?

Maîtresse Clarisse :

– La notion de consentement est essentielle à la pratique de la domination. Je pense que la personne qui inflige, en y prenant du plaisir, une souffrance à une autre personne sans son consentement devrait consulter un psychologue… En d’autres termes, même si le soumis accepte d’être « l’objet » de la Maîtresse, il faut garder à l’esprit que ce n’est pas parce que l’on tient le martinet ou la pince que tout est permis !

Cependant, les notions de sadomasochisme sont très variables d’un individu à l’autre. En effet, pour certains, souffrir, c’est aussi prendre du plaisir.

Le Journaliste :

– Il y a donc une notion de respect envers la personne qui se soumet ?

Maîtresse Clarisse :

– Evidemment ! C’est pour cela que la dominatrice doit avoir assez d’expérience et de maturité pour accepter la responsabilité de mener le soumis sur le chemin de ses envies et aspirations. Cela dit, certains « candidats » à la domination ne savent pas très bien ce qu’ils veulent ni ce qu’ils sont capables d’endurer…. C’est toute la subtilité de cette pratique. Il faut « sentir » les sensibilités de la personne pour éviter de dépasser les limites prédéfinies…. Enfin, parfois elles le sont un peu quand même : ne dit on pas que les limites sont faites pour être dépassées ?

Le Journaliste :

– Est-ce pour cette raison que vous demandez aux candidats de remplir un questionnaire de réservation ?

Maîtresse Clarisse :

– Tout à fait. Ce questionnaire est essentiel pour moi. Je ne comprends pas comment on peut organiser une séance sans connaître à minima les aspirations ou expériences de la personne… Quand vous allez dans un club de sport, on vous évalue en fonction de votre âge, votre poids, votre condition physique, vos objectifs etc. … Toutes ces données sont essentielles pour pouvoir établir votre programme.

Dernièrement, un  soumis me disait que le questionnaire l’avait rassuré sur le sérieux de ma prestation. Cette remarque s’applique de façon réciproque : il est permis de penser que celui qui ne parvient pas à s’exprimer par écrit ne saura pas non plus s’exprimer en séance.

Le Journaliste :

– Y a-t-il un profil type parmi vos clients ?

Maîtresse Clarisse :

– Je dirais qu’il y a plusieurs profils parmi lesquels, on trouve des personnes qui sont « dominants » dans leur vie privée et/ou professionnelle, qui endossent au quotidien un certain nombre de responsabilités. Ceux là ont besoin de s’abandonner au bon vouloir d’une Maîtresse, de ne plus penser, en tout cas ne plus avoir à décider.

D’autre sont plus curieux de connaître les sensations d’une séance de domination. Ils veulent tester leurs propres limites.

J’ajoute que certaines personnes, ignorantes du BDSM pensent que la position du soumis est humiliante et même dégradante. Cela est bien sur totalement faux. Je pense au contraire qu’elle est saine car ils ont besoin de cette parenthèse comme je l’ai dit avant.

De plus, le soumis a toujours la possibilité de mettre fin à la séance grâce à l’utilisation du mot de sécurité (safe word). La communication est à la fois gestuelle et verbale.

De toute façon, je reste persuadée que de nombreux couples pratiquent de la domination chez eux mais sans la nommer. La fessée en est un bon exemple (voir l’article de mon blog sur le sujet).

Le Journaliste :

– Selon vous, est ce que la domination est cérébrale ?

Maîtresse Clarisse :

– Oui, bien sûr, avant tout cérébrale. Mais pas seulement car c’est également une pratique qui procure un plaisir sensuel et érotique (mais sans relation sexuelle). Il faut rappeler que la domination est un jeu sensuel entre adultes consentants.